27. La liaison

Avec l’enchaînement, la liaison constitue une seconde manière de réaliser la jonction entre deux mots. Elle fait apparaître un son final (une consonne) qui n’est normalement pas prononcé si le mot est isolé. Par exemple, dans Je suis à Paris, le second « s » de suis, qui n’est pas prononcé normalement, l’est ici sous forme de liaison [z] : [ʒə sɥi za pa ʁi]. Une consonne prononcée uniquement dans le cas d’une liaison est appelée une consonne latente.

En français, certaines liaisons sont interdites. Les réaliser constitue une erreur. Certaines autres sont obligatoires : ne pas les réaliser constitue une erreur d’un autre type. Enfin, certaines liaisons sont facultatives. Leur réalisation dépend du locuteur, ou plutôt du registre de langue que le locuteur souhaite adopter. Plus le registre est soutenu, plus les liaisons sont nombreuses.

Pour noter les liaisons :

Le signe : ‿ indique que la liaison est obligatoire.
Exemple : les‿amants.

Le signe : (‿) indique que la liaison est facultative.
Exemple : absolument (‿) interdit.

Le signe : x indique que la liaison est interdite.
Exemple : chez x Anne.

L’opportunité d’effectuer une liaison entre deux mots dépend de la relation de dépendance grammatiale entre ces mots. Si la dépendance grammaticale est forte, comme entre un article et un nom, ou entre un adjectif et son nom, alors la liaison peut se réaliser : « les‿amis » [le za mi], « gros‿avantage » [gʁo za vɑ̃ taʒ]. Si cette relation grammaticale est faible, la liaison ne peut pas avoir lieu.

Par exemple, la relation de dépendance entre ils et ont et entre ont et une dans Ils‿ont‿une maison est forte, et on réalise la liaison [il zɔ̃ tyn mezɔ̃]. Dans Pierre et Denis ont une maison, la relation de dépendance grammatiale est moins forte entre Pierre et Denis et ont. Il n'y a pas de liaison : Pierre et Denis X une maison [pjɛ ʁe dɘ ni ɔ̃ tyn me zɔ̃].

La liaison ne concerne pas uniquement le s prononcé [z] et le t prononcé [e]. Elle se réalise avec d’autres sons.

liaisons

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Tableau des liaisons

Graphie

Liaison

s, z, x

États-Unis

chez elle

aux autres

[z]

[eta zy ni]

[ʃe zɛl]

[o zotʁ]

d, t

plait-il

grand arbre

[t]

[plɛ til] 

[gʁɑ̃ taʁbʁ]

n

un homme

son ami

[n]

[ɛ̃ nɔm]

[sɔ̃ na mi]

Le t euphonique

Dans les phrases "Viendra-t-il ?" et "A-t-elle fini son travail", le "t", appelé euphonique, est inséré entre deux voyelles pour produire une syllabation ouverte. Il peut être considéré comme une liaison.

Les liaisons irrégulières

On dit "un beau travail" mais "un bel été", un "vieux monsieur" mais "un viel ami", "un nouveau travail" mais "un nouvel emploi". Pour ces ajectifs, ainsi que fou et mou, la forme masculine se modifie pour permettre une liaison. De même, ce devient cet devant un nom masculin qui commence par une voyelle : "ce champ", "cet arbre".

Les contreliaisons

Les chiffres six,huit, dix sont prononcés [sis] [ɥit] [dis] quand le mot est isolé ou en finale, [si] [ɥi] [di] devant une consonne, et [siz], [ɥit] et [diz] dans une liaison. Comparez :

  • Six [sis]
  • Il a six frères. [i la si fʁɛʁ]
  • Il a six enfants. [i la si zɑ̃ fɑ̃]
  • Huit [ɥit]
  • Ils ont huit cousins. [il zɔ̃ ɥi ku zɛ̃]
  • Ils ont huit amies. [il zɔ̃ ɥi ta mi]
  • Dix [dis]
  • Elle a dix neveux. [ɛ la di nə vø]
  • Il est dix heures. [i le di zœʁ].
  • Écoutez :

    • Le grand oiseau est dans un grand arbre. [lə gʁɑ̃ twa zo e dɑ̃ zɛ̃ gʁɑ̃ taʁbʁ].
    • Vend-elle sa voiture ? [vɑ̃ tɛl sa vwa tyʁ] ?
    • Comprend-il l’exercice ? [kɔ̃ pʁɑ̃ til le gzɛʁ sis] ?
    • Il est neuf heures. [i le nœ vœʁ].

    ACTIVITÉ 27.1
    Lisez les phrases suivantes en effectuant les liaisons :

    • Quel grand acteur !
    • Les arbres ont-ils survécu à la tempête ?
    • Son ami est chez elle.
    • Son premier époux est décédé à vingt-huit ans.

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