57. Le français standard, un français en évolution

L’usage d’une langue est marqué par des caractéristiques qui, prises ensemble, forment un accent. Aux oreilles des Québécois, les Français ont un accent. À celles des Français, les Camerounais francophones ont un accent. Quand un Breton écoute une habitante de Marseille, il détectera un accent chez son interlocutrice. Bref, par définition, tout le monde à un accent.

Dans ce cours, nous avons noté qu’en français standard,

  • les distinctions [a] / [ɑ], [ɛ̃] / [œ̃] sont très rarement réalisées ;
  • les distinctions entre [œ] et [ø] dans jeune / jeûne ou entre [o] et [ɔ] dans beauté / botté sont de moins en moins souvent réalisées ;
  • de manière générale, les syllabes non accentuées subissent des variations par rapport à la norme : maison se prononce [me zɔ̃] ou [mɛ zɔ̃] (c’est le principe de l’harmonisation vocalique) ;
  • la voyelle finale n’est pas toujours allongée de manière unifiée.

Le français standard étant très lié à l’écrit, il n’est pas surprenant que ces évolutions orales soient considérées comme des erreurs de prononciation. De manière générale, l’histoire de la langue française peut-être vue comme une bataille constante entre une pratique orale (qui, comme dans toutes les langues, évolue de génération en génération) et sa réalisation orthographique, plus conservatrice, surtout depuis (en ce qui concerne le français) la Révolution.

C’est également à partir de la Révolution que s’engage une véritable campagne de destruction des langues régionales en faveur du français comme langue unique de la Nation. Dans son rapport de 1794 à la Convention nationale, L’abbé Grégoire insiste dès le titre sur la nécessité « d’anéantir le patois et d’universaliser l’usage de la langue française ».

Jusqu’à la fin du XIXeme siècle et le début du XXeme, le français a constitué, pour beaucoup, une langue étrangère, ou en tout cas une langue seconde : celle qu’on étudie à l’école. Pour ces enfants (et leurs parents) la langue régionale était leur langue maternelle, utilisée pour communiquer en famille et dans la communauté. Ce n’est qu’à partir de la Révolution jusqu'au XXeme siècle que, sous la pression de l’urbanisme, de la scolarisation généralisée et des médias s’est progressivement constituée une langue normée, comprise par tous, et (plus ou moins) acceptée comme langue de tous.

Aujourd’hui, la langue française est la langue officielle de la République française. Son usage est inscrit dans la Constitution (article 2) :

ACTIVITÉ 57.1
Évaluez le degré d’accent des différents locuteurs, de 1 pour l’accent qui vous semble très faible par rapport à votre conception du français standard à 5 pour l’accent le plus fort.

A57_1
            Accent 1 (belge)
            Accent 2 (nord)
            Accent 3 (suisse)
            Accent 4 (sud)

Les frontières qui séparent les nations forment parfois de véritables barrières linguistiques. Par exemple, quelques kilomètres séparent un habitant du nord de la France (accent 1) de son voisin belge (accent 2).

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