66. Le e caduc en poésie
Examinons à nouveau le vers suivant :
Le dôme obscur des nuits, semé d’astres sans nombre;
[lə do mo pskyr de nɥi ] [sə me da strə sɑ̃ nɔ̃br]
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Dans le second hémistiche, le e caduc de astres est prononcé, alors que celui de nombre ne l’est pas. Pourquoi ? La règle est la suivante : le e caduc est prononcé devant une consonne à l’intérieur d’un hémistiche, s’il n’y a pas de signe de ponctuation pour l’en empêcher :
Nous eûmes mille Grecs tués à cette fête.
[nu zy mə mi lə grɛk] [ty e a sɛ tə fɛt]
Mais, pour sucer la moelle il faut qu’on brise l’os
[me puʁ sy se la mwɛl il fo kɔ̃ bʁi zə lɔs]
Fourmillante cité, cité pleine de rêves
[fuʁ mi jɑ̃ tə si te si te plɛ nə də rɛv]
Le e caduc n’est pas prononcé
- devant une voyelle :
Le grand arbre est tombé !
[lə grɑ̃ tar bre tɔ̃ be]
- à la fin d’un hémistiche :
Immole avec courage || au sang qu’il a perdu
[i mɔ la vɛk ku ʁaʒ o sɑ̃ ki la pɛʁ dy]
- à la fin du vers :
Il est de longs soupirs qui traversent les âges
[i le də lɔ̃ su pir ki tra vɛ rsə le zaʒ]
plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense
[ply lo fɑ̃ sœ ʁe ʃɛʁ e ply grɑ̃ de lo ʃɑ̃s
ACTIVITÉ 66.1
Écoutez les alexandrins suivants et notez par écrit leur découpage en douze pieds en utilisant le signe /.
Ah ! Rodrigue, il est vrai, quoique ton ennemie,
Je ne puis te blâmer d’avoir fui l’infamie ;
Et de quelque façon qu’éclatent mes douleurs,
Je ne t’accuse point, je pleure mes malheurs.
(Corneille, Le Cid, III, 4)
ACTIVITÉ 66.2
Soulignez les e caducs prononcés et barrez ceux qui ne le sont pas.
- Dire qu’il me plaît fort, cela n’importe guère.
- Elle viendrait par là, de cette sombre allée.
- Une goutte de lait dans la plaine éthérée.
- Elle me fit asseoir avec un doux sourire.
ACTIVITÉ 66.3
Effectuez la transcription phonétique des vers suivants.
La majesté du ciel qui nous laisse béats
A pour contrepartie, au-dessous de l’atome,
Un empire soumis à tous les aléas
Où l’espace bourgeonne, où le temps est fantôme.
(Jacques Réda, La Physique amusante)
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Je n’ai vu qu’un regard de cette belle morte
À travers le volet qui touche à votre porte,
Ma sœur, et sur la vitre où passa ce regard
Ce fut l’adieu d’un ange obtenu par hasard.
(Marceline Desbordes-Valmore)
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Rien n’égale Paris ; on le blâme, on le loue ;
L’un y suit son plaisir, l’autre son intérêt ;
Mal ou bien, tout s’y fait, vaste grand comme il est ;
On y vole, on y tue, on y pend, on y roue.
(Isaac de Bensérade)