72. La phonétique diachronique
- d’identifier des changements réguliers dans la prononciation des mots au cours du temps ;
- de déduire de ces régularité des règles, voire des lois, applicables à l’ensemble d’un corpus ;
- d’utiliser ces lois pour reconstituer la prononciation de l’ensemble des documents disponibles à une époque donnée.
La phonétique diachronique a pour but
Ce travail est délicat car, bien entendu, il ne reste aucun enregistrement de la manière dont parlaient Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Louis XIV, ou Napoléon Bonaparte. Les seuls documents sur lesquels il est possible de travailler sont des documents écrits.
Or l’orthographe du français n’est pas phonétique. Elle est le fruit de deux forces contradictoires : l’évolution phonologique (la manière donc les locuteurs parle le français) et son étymologie (son origine). La première force est beaucoup plus rapide et « libre » que la seconde, alors que l’écriture tend à évoluer de manière plus lente. L’évolution de l’orthographe d’un mot suivra donc, avec un temps de retard qui peut quelquefois se compter en siècles, un changement phonologique. On peut dire avec Pierre Léon que l’orthographe française constitue un frein au changement phonétique, en même temps que la trace de ces changements.
Comment, en suivant quelles règles et quelles modifications, passe-t-on en 1800 ans du latin vulgaire au français moderne, comme le montre les exemples suivants :
Latin | Français moderne |
BÉLLOS BOVE CAMERA MERCEDE VITA |
bœuf [bœf] beaux [bo] chambre [ʃɑ̃bʁ] merci [mɛ ʁsi] vie [vi] |